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Nature & Sagesse : les rapports entre physique & métaphysique dans la tradition aristotélicienne

Colloque international en l’honneur de Pierre Pellegrin

9 – 12 juin 2010





Organisé par Cristina Cerami

(UMR 7219-SPHERE, CHSPAM, CNRS).
Avec la collaboration du Centre GRAMATA

(UMR 7219-SPHERE, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
et le soutien
de l’Université Paris Diderot, l’ENS de Paris,

l’UMR 8163 « Savoirs, Textes, Langage » (CNRS, Lille3, Lille1),

l’Université de Nancy 2 (Archives Henri Poincaré — Laboratoire d’Histoire des Sciences et de Philosophie)

et l’Institut Universitaire de France.

Le colloque aura lieu à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
salle Cavaillès.
Access



Comité scientifique

_______________________________

Cristina Cerami (CNRS, UMR 7219), Michel Crubellier (Université Lille3-CNRS, UMR 8163),
Annick Jaulin (Université Paris1 Panthéon-Sorbonne), Marwan Rashed (ENS Paris/CNRS). Exposé thématique



Programme

_______________________________

MERCREDI 9 JUIN 2010

: : 9h00-9h30
Accueil des participants
Cristina Cerami, Pierre Pellegrin

: : 9h30-10h30
Allan Gotthelf (Trenton State College) : Aristotle’s megista genê : Historia animalium I. 490b7-491a6 and some metaphysical implications.

: : 10h30-11h30
Marie-Louise Gill (Brown University) : The Problem of Aristotelian Substance


11h30-11h45, pause café : :

: : 11h45-12h45
Annick Jaulin (Univ. Paris1 Panthéon-Sorbonne) : Cause motrice et cause finale.

12h45-14h30, déjeuner : :

: : 14h30-15h30
David Charles (Oriel College, Oxford) : Some features of Aristotle’s Teleology.

: : 15h30-16h30
Annick Stevens (Univ. de Liège) : Les approches physique et métaphysique de l’eidos.

: : 16h30-17-30
Jean-Louis Labarrière (CNRS, UMR 8061) : La connaissance de la nature. Retour sur le tournant biologique des études aristotéliciennes (Meteor.I, 1 ; P.A., I, 5 ; Metaph., E, 1).



JEUDI 10 JUIN 2010

: : 9h30-10h30
Robert Bolton (Rutgers Univ.) : Subject, Soul and Substance in Aristotle.


: : 10h30-11h30
Marwan Rashed (ENS, Paris) : L’auto-motricité animale en Physique VIII entre physique et métaphysique.

11h30-11h45 pause café : :

: : 11h45-12h45
Enrico Berti (Università di Padova) : Le rapport entre physique et métaphysique chez Eudème et Théophraste.

12h45-14h30, déjeuner : :

: : 14h30-15h30
Andrea L. Carbone (Chercheur indépendant) : Moriologie ancienne et moriologie contemporaine. Quelles sont les parties des animaux ?

: : 15h30-16h30
Bernard Besnier (ENS, Lyon) : Qu’est-ce qu’un moteur physique ?

: : 16h30-17h30
Michel Crubellier (Univ. Charles de Gaulle-Lille3) : La démonstration de l’existence du Premier Moteur dans la Physique .



VENDREDI 11 JUIN 2010

: : 9h30-10h30
Andrea Falcon (Concordia Univ., Montreal) : Aristotle at the Boundaries of Knowledge. Between Physics and Metaphysics.

: : 10h30-11h30
Pierre-Marie Morel (ENS, Lyon) : Mouvement des animaux et philosophie première : les arguments métaphysiques du De motu animalium..

11h30-11h45 pause café : :

: : 11h45-12h45
Claire Louguet (Univ. Charles de Gaulle-Lille3) : L’altération chez Aristote.

12h45-14h30, déjeuner : :

: : 14h30-15h30
David Lefebvre (Univ. Sorbonne-Paris IV) : La jument de Pharsale et les mères injustes. Retour sur les puissances de la matière en Generatione animalium IV 3.


: : 15h30-16h30
Istvan Bodnar (Central European Univ. of Budapest) : The status of celestial movers in the Aristotelian commentators.

: : 16h30-17h30
Thomas Bénatouïl (Univ. de Nancy 2) : L’aponia divine chez Aristote et ses successeurs.



SAMEDI 12 JUIN 2010

: : 9h30-10h30
Donald Morrison (Rice University, Houston) : Alexander of Aphrodesias on Analytic Method in Philosophy.


: : 10h30-11h30
Cristina Cerami (CNRS, UMR 7219) : La démonstration des causes premières. Le débat Averroès/Avicenne.

: : 11h30-12h30
Ahmad Hasnaoui (CNRS, UMR 7219) : Les rapports entre physique et métaphysique dans le Shifā’ d’Avicenne.

: : Clôture du colloque
Ahmad Hasnaoui


Déjeuner : :


Exposé thématique

_______________________________

La question de savoir ce qui fait d’une certaine forme de connaissance un savoir scientifique, de repérer ce qui garantit sa totale fiabilité et la distingue de toute autre forme de savoir constitue l’un des sujets philosophiques les plus débattus depuis l’antiquité. Aristote en fait une question centrale de sa réflexion et l’objet principal de plusieurs de ses études. Ayant hérité la question de savoir ce qu’est une science de son maître Platon, Aristote déploie tous ses efforts pour bouleverser la conception épistémologique de ce dernier. Tout son projet philosophique tend en effet à démontrer qu’il n’y a pas, comme Platon le prétendait, de mathesis universalis capable de fonder toutes les autres formes de connaissance. Contre un tel projet, Aristote conclut qu’existent trois formes de savoir qui peuvent se dire véritablement scientifiques : la mathématique, la physique et la métaphysique. Ces trois sciences étudient d’une certaine manière un seul et même objet, les êtres existants, c’est-à-dire les individus qui peuplent notre univers, mais chacune d’elles les étudient d’un point de vue différent. Seule la métaphysique, parmi les trois, étudie les êtres d’un point de vue universel, c’est-à-dire en tant qu’ils sont des êtres. La mathématique et la physique en revanche les examinent d’un point de vue particulier : la première les considère en tant qu’ils sont des formes abstraites de la matière, alors que la seconde les étudie en tant qu’ils sont doués de mouvement.

Parmi les trois sciences théorétiques, la physique et la métaphysique entretiennent un rapport privilégié, notamment dans la mesure où l’une semble se fonder sur les conclusions de l’autre. En effet, la compréhension de la substance sensible, objet de la science de l’être, n’est possible que par la réflexion physique sur sa genèse. L’analyse de la façon dont s’engendre ce qui est en un sens premier, à savoir la substance, nous permet en effet de dévoiler les principes dont découle sa substantialité : la matière et la forme. C’est l’étude du monde sensible, alors, qui guide notre compréhension du monde “méta-sensible”. L’inscription des questions physiques dans celles de la philosophie première semble donc dictée par la contribution que les résultats de la physique apportent à une recherche proprement métaphysique. En outre, c’est le physicien qui démontre l’existence de ce qui fait l’objet d’étude ultime de la métaphysique, c’est-à-dire Dieu, considéré comme le moteur immobile dont tous les mouvements du monde sensible dépendent.

Toutefois, si l’étude de la génération pose, d’une certaine façon, les bases de la recherche métaphysique, le physicien ne peut revendiquer le titre de philosophe premier, car il ne peut par ses seuls moyens démontrer ce qu’est la véritable substance première. Le but ultime du philosophe de la nature en effet n’est pas de définir les notions de substance, mais d’élaborer une théorie du devenir qui permette de démontrer l’existence d’un principe immobile. C’est à la science métaphysique, en tant que science de l’être, qu’il revient de démontrer ce qu’est la substance première – c’est-à-dire d’établir si c’est la matière, la forme ou le composé des deux ; cependant elle doit bâtir sa démonstration sur les résultats et les principes acquis par la science de la nature. C’est encore le métaphysicien qui doit s’enquérir de l’être de la première des substances : Dieu ; mais démontrer son existence n’est possible qu’au moyen d’une analyse des substances en devenir qui nous fait remonter des effets à la cause. En un sens fort, il n’y a donc pas d’ontologie détachée de la recherche sur les principes physiques.

Dans ces conditions, la physique et la métaphysique semblent se trouver dans un rapport d’interdépendance qui en estompe les horizons et le caractère même de science. On ne perçoit pas clairement en effet dans quelle mesure la physique reste une science pleinement autonome par rapport à la métaphysique, si l’on conçoit cette dernière comme la science première. Peut-on véritablement définir la philosophie de la nature comme une science, alors qu’elle doit se dire seconde par rapport à un savoir qui est en lui-même universel ? Dans le sens contraire, on peut encore se demander dans quelle mesure la métaphysique peut se dire première, tout en dépendant de la physique quant à la mise en évidence de la substance qu’elle analyse et à la démonstration de l’existence de son ultime objet d’étude. Quel rôle en effet occupe la démonstration physique de l’existence d’un moteur immobile dans le cadre de la science divine ? Peut-on avoir, en ce sens, plusieurs démonstrations d’un seul et unique principe ?

A ces questions, Aristote a donné des réponses apparemment différentes dans les diverses passages de son corpus. Il en découle que plusieurs aspects des relations entre les deux sciences théorétiques restent difficiles à comprendre. Toutes ces questions, laissées partiellement sans réponse explicite dans les textes d’Aristote, ont été léguées à ses héritiers. La question concernant la valeur démonstrative de la science physique ainsi que celle concernant la contribution que les résultats de la physique apportent à une recherche proprement métaphysique ont été reprises par les premiers interprètes grecs de l’antiquité tardive. Nombreuses sont les études consacrées à la tradition exégétique grecque de la pensée d’Aristote ; il manque toutefois des analyses spécifiques sur la question des rapports entre la physique et la métaphysique. Ces questions ainsi que le débat sur la question de savoir si la physique et la métaphysique peuvent se considérer comme autonomes l’une part rapport à l’autre se manifestera dans toute sa véhémence dans le monde arabe, dans l’opposition entre Avicenne et Averroès. Ce débat a marqué l’histoire de l’aristotélisme arabe et juif et a constitué ensuite le fondement de la tradition latine nourrie par les réflexions d’Albert le Grand et Thomas d’Aquin.

Ce colloque a pour but de mieux définir les enjeux de la question concernant les rapports entre la physique et la science de l’être en tant qu’être, ainsi que d’élucider les réponses élaborées par les exégètes anciens et modernes de la philosophie d’Aristote. En réunissant les meilleurs spécialistes internationaux de cette question, ce colloque permettra d’approfondir les divers aspects d’un débat qui, né dans le monde grec, s’est poursuivi dans les mondes arabe, juif et latin.

Ce colloque nous permet ainsi de remercier et rendre hommage à Pierre Pellegrin qui par ses nombreux travaux a contribué d’une façon essentielle à reconstituer l’histoire des décisions parfois imperceptibles qui ont guidé le devenir conjoint de la philosophie naturelle et de la métaphysique.


: : Programme : :

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