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Monographs in Tang Official Historiography

Perspectives from the Technical Treatises of the History of Sui (Sui shu)










Daniel Patrick Morgan (CNRS), Damien Chaussende (CRCAO), (dir.)


avec la collaboration de Karine Chemla, collection Why the Sciences of the Ancient World Matter (WSAWM, volume 3)


“This book examines the role of medieval authors in writing the history of ancient science. It features essays that explore the content, structure, and ideas behind technical writings on medieval Chinese state history. In particular, it looks at the Ten Treatises of the current History of Sui, which provide insights into the writing on the history of such fields as astronomy, astrology, omenology, economics, law, geography, metrology, and library science. Three treatises are known to have been written by Li Chunfeng, one of the most important mathematicians, astronomers, and astrologers in Chinese history.

The book not only opens a new window on the figure of Li Chunfeng by exploring what his writings as a historian of science tell us about him as a scientist and vice versa, it also discusses how and on what basis the individual treatises were written.

The essays address such themes as (1) the recycling of sources and the question of reliability and objectivity in premodern history-writing ; (2) the tug of war between conservatism and innovation ; (3) the imposition of the author’s voice, worldview, and personal and professional history in writing a history of a field of technical expertise in a state history ; (4) the degree to which modern historians are compelled to speak to their own milieu and ideological beliefs."



TABLE DES MATIERESS


  • Introduction : Daniel P. Morgan, Damien Chaussende, pp. 1-25
    La brève introduction de ce volume débute par une présentation des sources, des auteurs et des questions qui seront abordés dans les chapitres qui suivent, à savoir les dix « traités » (zhi 志)—des histoires consacrés à des sujets techniques—contenus actuellement dans l’Histoire des Sui (Sui shu 隋書), une histoire officielle de la dynastie des Sui rédigée en 636. Nous savons que trois de ces traités furent composés par Li Chunfeng 李淳風 (602-670). L’introduction se poursuit en exposant la structure du livre ainsi que les quatre grand thèmes unifiant les chapitres : 1. le recyclage des sources et la question de la fiabilité et de l’objectivité dans l’écriture de l’histoire à l’époque prémoderne ; 2. les tensions entre conservatisme et innovation par rapport aux modèles fondateurs des différents genres ; 3. la place occupée par la subjectivité, la vision du monde et les arrières plans personnel et professionnel de l’auteur lorsqu’il rédige, dans une histoire officielle, une section consacré à un domaine technique ; 4. l’importance avec laquelle l’historien moderne se retrouve pris dans le même cycle d’une écriture de l’histoire fondée sur les histoires de ses prédécesseurs avec comme but l’affirmation de sa propre idéologie par rapport à son propre milieu. L’introduction se termine avec la présentation des conventions, symboles, etc. adoptés dans le reste de l’ouvrage.


The Work of Li Chunfeng

  • The Life and Intellectual World of Li Chunfeng (602–670) : Howard L. Goodman, pp. 29-49
    Les auteurs précis des traités du Sui shu 隋書 ne sont pas connus, à l’exception d’un seul : Li Chunfeng 李淳風 (602–670), auteur du « Lü-li zhi » 律曆志, du « Tianwen zhi » 天文志 et du « Wuxing zhi » 五行志. Le chapitre offre un aperçu biographique de l’homme dont le travail occupe la première partie du présent ouvrage, en replaçant ces « histoires des sciences » dans les contextes de sa vie, de sa famille, de ses réseaux ainsi que dans celui de ses diverses œuvres savantes et politiques. Il ressort de ce portrait l’image d’un polymathe controversé et complexe, dont l’empreinte dans le domaine des « nombres et des techniques » (shushu 數術) a sans doute été plus importante que celle qu’il a laissée en politique, même s’il a été, à sa façon, un membre de la cour engagé politiquement. Étant donné que les sujets abordés dans les chapitres 3, 4, 5, 6 et 7 explorent différentes facettes de son œuvre, la présente contribution vise à cerner la voix éditoriale qui l’unifie.
  • Numbers with Histories : Li Chunfeng on Harmonics and Astronomy, Daniel P. Morgan, Howard L. Goodman, pp. 51-87
    Consacré au « Lü-li zhi » 律曆志 (traité sur l’harmono-métrologie et sur l’astronomie mathématique) que Li Chunfeng 李淳風 (602–670) écrivit pour le Sui shu 隋書 ainsi qu’à son prédécesseur du Han shu 漢書, ce chapitre met en question l’universalité du mariage entre ces deux champs du savoir en Chine, et soutient au contraire que ce mariage est à la fois l’œuvre de compilateurs bien précis et de celui du cours impétueux de l’histoire. Ce traité double apparaît pour la première fois dans le Han shu,—conséquence naturelle du fait qu’il est fondé sur les écrits synthétiques de Liu Xin 劉歆 (ca. 50 av. n. è.-23 ap. n. è.)—et pour la dernière dans les traités de Li Chunfeng, après quoi le modèle est abandonné. Quel que fût la force initiale de ce mariage, croyons-nous, un certain mouvement général vers la précision et l’expérimentation empirique commença dès les Han orientaux à séparer les deux domaines l’un de l’autre et à les éloigner des promesses d’un bel ordre universel. Nous tentons de montrer comment Li Chunfeng, en élaborant sa présentation à partir de celle de Liu Xin et en se fondant considérablement sur son œuvre et sur celles d’autres auteurs, l’adapta pour tenir compte de l’effondrement de l’ordre qu’elle épouse. Pour ce faire, nous montrons qu’il imposa un telos à l’histoire de l’harmono-métrologie et échangea le fondement de ces deux champs en passant d’un symbolisme numérique provenant du Classique des mutations à une idée de proportion et de proportionnalité tirée des Neuf chapitres sur les procédures mathématiques, ce qui eut pour effet de libérer les nombres d’une modalité de vérité atemporelle et pétrifiée et de leur attribuer leur propre histoire face au fait historique du progrès.
  • Scholarship and Politics in Seventh Century China from the Viewpoint of Li Chunfeng’s Writing on Histories : Yiwen Zhu, pp. 89-116
    Dans ses « Lü-li zhi  » 律曆志 du Jin shu 晉書 et du Sui shu 隋書, Li Chunfeng 李淳風 (602–670), au travers d’histoires officielles, propose son système de lü-li 律曆 et sa propre théorie de la légitimité dynastique. Ce système inclut sept éléments : les nombres, les 率 mathématiques, les harmoniques, l’astronomie mathématique, et des métrologies concernant les longueurs, les capacités et les poids. Li Chunfeng place les nombres (ce qui inclut les mathématiques) en premier, et insiste sur le fait que la légitimité d’une dynastie dépend du caractère « complet » de son système de lü-li. Je soutiens, d’un côté, que Li Chunfeng considère les Tang comme étant les successeurs directs des Han, en soulignant, de l’autre, l’importance des mathématiques à leurs débuts. Au début des Tang, les mathématiques ont connu un développement et une institutionnalisation considérables, ne serait-ce que l’édition et le commentaire des Dix classiques des mathématiques, par Li Chunfeng et al., qui plus tard devaient servir de manuels dans l’école de mathématiques de l’université impériale et d’objet d’examen lors des concours mandarinaux. Ces évolutions sont intimement liées aux positions politiques exprimées par Li Chunfeng dans le Jin shu et dans le Sui shu. Le présent chapitre a pour ambition de mettre en lumière ces articulations entre la politique et le savoir dans la Chine du viie siècle, articulations qui n’avaient pas été étudiées jusqu’à présent.
  • The Compilation of the Astronomical Portion of the ‘Treatise on Harmono-Metrology and Mathematical Astronomy’ and Its Impact : Liang Li, pp. 117-141
    Il s’agit ici d’examiner les caractéristiques des écrits historiques de Li Chunfeng à travers l’étude de la partie du « Lü-li zhi » 律曆志 du Sui shu consacrée à l’astronomie mathématique. Dans ce texte, Li Chunfeng fait tout particulièrement l’éloge du Huangji li 皇極曆 (système de la souveraine perfection), et consacre un juan entier à sa préservation, bien que ce système ne fût jamais adopté par la cour. Cela montre que Li Chunfeng, en tant que savant spécialisé dans les sciences astrales, accordait la priorité à l’excellence des réalisations concernant les systèmes astronomiques plutôt qu’à leur statut officiel. Les opinions tranchées de ce lettré à propos des systèmes astronomiques des Sui, montre-t-on, étaient sans nul doute le produit de son environnement social, de son expérience personnelle et de ces propres efforts pour entamer une réforme astronomique, sans oublier celui de ses préférences en matière de modèles astronomiques. Li Chunfeng accorde beaucoup d’importance aux savoirs astronomiques du passé dans la mesure où les précédents constitués par les échecs de ses prédécesseurs donnèrent du grain à moudre à sa réflexion. Les réussites ultérieures de Li Chunfeng dans les sciences astrales, comme je le montre, semblent avoir tiré grand avantage de ses recherches historiques. Le chapitre se termine autour d’une discussion à propos de la réception de ce traité et de son influence lors des générations postérieures sur le plan de la littérature historique et dans le domaine astronomique.
  • Heavenly Patterns : Daniel P. Morgan, pp. 143-179
    Le « Tianwen zhi » 天文志 (traité sur les Signes célestes) est un genre répétitif et fracturé. La plupart du contenu d’un traité à l’autre est le même, et la structure qu’ils présentent (historique, catalogue d’étoiles, annales d’observations de phénomènes célestes) les rendent difficiles à lire de manière globale. Afin de comprendre le rôle de Li Chunfeng 李淳風 (602–670) dans la rédaction du « Tianwen zhi » du Sui shu 隋書, la présente étude recourt à la collation. En isolant les passages du traité du Sui shu que l’on retrouve mot pour mot dans ceux du Jin shu 晉書, du Song shu 宋書 et du Han shu 漢書, je mets l’accent sur ce que Li Chunfeng a ajouté, enlevé et réarrangé par rapport à ses sources. Ce faisant, on constate quelques tendances dans son œuvre. La plus notable d’entre elles est le fait que Li Chunfeng a repris du Song shu de Shen Yue 沈約 (441–513) son histoire pessimiste de la régression de la cosmologie de la « forme du Ciel » (tianti 天體) depuis le temps des Sages, et l’a réarrangée, sans le dire, en un discours sur le progrès humain dirigé contre son auteur. Cet indice, ainsi que d’autres éléments du travail éditorial de Li Chunfeng, doivent nous rappeler que ce que nous voyons souvent comme un simple ouvrage de référence devrait être lu comme l’une des pièces d’un débat historiographique.
  • The ‘Treatise on the Wuxing’ (Wuxing zhi) : Michael Nylan, pp. 181-233
    La plupart des chercheurs en études chinoises ignorent les matériaux « superstitieux » dans le « Wuxing zhi » 五行志 du Sui shu 隋書 (« Traité sur les Wuxing » de l’Histoire des Sui), préférant réduire le message qu’il transmet aux données purement politiques, en invoquant les critiques formulées sur ces traités par Liu Zhiji dans son Shitong 史通 (Généralités sur l’histoire). Le présent chapitre se propose de montrer que ce genre de traités présent dans les histoires officielles peut fournir de belles portes d’entrée dans l’esprit de leurs compilateurs dans leur entreprise de création du monde. Après tout, les souverains comme les fonctionnaires croyaient souvent, comme cela était répété dans les Cinq classiques, que les schémas historiques, dont on trouve les résonances dans le cosmos, pouvaient être lus non seulement pour obtenir une connaissance du passé, mais étaient également des guides pour l’avenir. Le « Wuxing zhi » du Sui shu devient ainsi une partie importance du projet éducatif des princes et de ceux qui les servent. Ce chapitre met également en lumière la grande flexibilité des aspects formels de ce type de traités, dont les catégories augmentent, diminuent et sont modifiées afin de s’adapter aux nouvelles réalités du terrain.


The Anonymous Treatises

  • The Treatise on Economics and Its Influences : Béatrice L’Haridon, pp. 237-257
    Ce chapitre propose une lecture du « Traité sur l’économie » (Shihuo zhi 食貨志) du Sui shu 隋書, à la lumière d’une comparaison avec le même traité dans le Han shu. Une telle lecture ne consiste pas à analyser le traité du Sui shu comme une œuvre idéologique qui reproduirait la perspective intellectuelle et rhétorique de son modèle dans le Han shu, mais nous permet de mieux comprendre les questions posées par le (ou les) auteur(s), qui non seulement parcourent la longue introduction, mais aussi structurent le corps même du traité. Il apparaît ainsi que l’une des questions les plus importantes est celle de la nature intrinsèquement paradoxale de la politique économique impériale, en particulier en ce qui concerne l’administration des greniers et des canaux impériaux, censés garantir la suffisance alimentaire et la circulation des biens, tout en protégeant les intérêts du clan impérial et en affirmant sa puissance.
  • The Treatise on Law : Frédéric Constant, pp. 259-286
    Le « Xingfa zhi » 刑法志 (traité juridique) du Sui shu 隋書 constitue avec les traités correspondants des Wei shu 魏書 et Jin shu 晉書 une source d’information extrêmement précieuse pour notre compréhension de l’histoire du droit chinois entre les dynasties Han et Tang, alors qu’aucune autre documentation juridique de cette époque n’est parvenue jusqu’à nous. Parmi les institutions juridiques des cinq dynasties (502–618) décrites dans le « Xingfa zhi » du Sui shu, celles des dynasties du Nord (Zhou du Nord, Qi du Nord, Sui) sont de première importance car elles eurent une influence directe sur le contenu du Code des Tang, considéré par les juristes chinois comme le code le plus abouti. Si l’on prend en compte à la fois l’unicité de ce type de source et les objectifs poursuivis par leurs auteurs, le genre constitué par les « Xingfa zhi » doit être lu avec une certaine prudence. Il est en effet nécessaire d’aller au-delà des leçons de morale qui y sont régulièrement dispensées pour saisir les informations essentielles relatives au processus de consolidation du droit chinois. Notre étude portera ainsi essentiellement sur les deux principales questions discutées dans le « Xingfa zhi » : le portrait du législateur vertueux et la définition des peines justes.
  • Intertextuality, Customs and Regionalism in the ‘Geographical Treatise’ : Alexis Lycas, pp. 287-322
    Le chapitre s’ouvre par un panorama et une brève analyse des traités géographiques composés avant le viie siècle. Ensuite, une étude de l’introduction du traité géographique du Sui shu permet de mesurer l’importance des informations historiques contenues dans les descriptions géographiques de l’Empire. Enfin, à la lumière des notes conclusives et des jugements de l’historien ponctuant chaque aperçu des neuf provinces de l’empire, le chapitre envisage une histoire spatiale de l’empire au travers des questions relatives aux coutumes régionales et à l’intégration dans l’empire de populations locales, tout en se concentrant géographiquement autour des provinces méridionales.
  • The Art of Producing a Catalogue : The Meaning of ‘Compilations’ for the Organisation of Ancient Knowledge in Tang Times : Pablo Ariel Blitstein, pp. 323-341
    Le traité bibliographique (« Jingji zhi » 經籍志) du Sui shu 隋書 nous fournit un exemple de la façon dont le savoir était organisé dans la Chine médiévale. Dans ce chapitre, je me concentre sur le sens accordé à la dernière section de ce traité, les « Recueils » (ji 集), et je mets en lumière la logique inhérente à cette classification bibliographique. Quels sont les principes qui ont présidé à l’établissement d’une telle catégorie bibliographique ? Plusieurs spécialistes ont soutenu que les « Recueils » sont un signe de la « découverte » de la littérature dans la Chine médiévale. Néanmoins, comme nous le montrons dans ce chapitre, les « Recueils » n’avaient rien à voir avec la « littérature » dans son sens moderne : les « Recueils » étaient, je propose, un « entrepôt » d’exempla nécessaires pour le savoir ministériel. Je ferai mon analyse en trois étapes : la première sera consacrée à l’inspiration politique et morale des activités de catalogage ; la deuxième, à la relation des quatre catégories bibliographiques en général, et des « Recueils » en particulier, avec l’histoire du catalogage ; et la troisième, au sens de cette catégorie tel qu’il est expliqué dans le traité bibliographique du Sui shu. Après l’analyse, j’aurai peut-être fait une contribution à la compréhension de la catégorie de « Recueils » dans des termes plus proches de l’expérience des acteurs.
  • Epilogue : Treatises According to Tang Historian Liu Zhiji : Damien Chaussende, pp. 343-357
    Dans son Shitong 史通 (Traité de l’historien parfait), composé au début du VIIIe siècle de notre ère, Liu Zhiji 劉知幾, historien officiel, évalue, commente et critique de nombreux textes historiques, parmi lesquels des histoires officielles. Il consacre un chapitre entier de son traité aux traités contenus dans ces histoires et offre diverses opinions sur leur nature, leurs types et les informations qu’elles devraient fournir selon lui. Liu Zhiji s’intéresse en particulier au Han shu 漢書, et affirme que les traités sur les Signes célestes (« Tianwen zhi » 天文志), sur les livres (« Jingji zhi » 經籍志) et sur les Cinq phases (« Wuxing zhi » 五行志) devraient disparaître, au profit de chapitres sur les capitales, les clans et les produits régionaux ou étrangers. Étant presque contemporaine de la composition du Sui shu 隋書, l’approche critique de Liu Zhiji sur le Han shu en tant que modèle offre une perspective intéressante pour comprendre les rapports entre tradition et innovation dans le genre des traités et la façon dont ce dernier fut reçu et modifié au cours du temps.


Back Matter, pp. 359-371



: : Springer, Cham, collection Why the Sciences of the Ancient World Matter (WSAWM, volume 3)
: : DOI https://doi.org/10.1007/978-3-030-18038-6
: : Print ISBN-978-3-030-18037-9
: : Online ISBN-978-3-030-18038-6
: : Date de publication : 11/2019
: : Pages : 371