Les analyses du Séminaire International d’Etudes sur le Soin approfondissent les questions actuelles relatives au soin dans les diverses pratiques médicales et croisent philosophie morale et épistémologie médicale.
Séminaire organisé par SPHERE et le Centre Georges Canguilhem (Institut des Humanités de Paris - Université Paris Diderot) (C. Lefève) ; le CIRPHLES – Ecole Normale Supérieure (F. Worms, Cl. Marin) ; ETHOS - Université de Lausanne (L. Benaroyo) ; Institut de sociologie – Université Libre de Bruxelles (N. Zaccaï-Reyners) et le Centre De Ressources National soins palliatifs (J.–C. Mino)
Si la distinction entre l’objectivité des symptômes et des causes de la maladie, d’une part, et la subjectivité de l’expérience du malade, d’autre part, est indispensable, si les traitements et le soin lui-même requièrent l’objectivation scientifique, la médecine peut aussi masquer la visée du soin et l’accès aux normes de vie du malade. La spécialisation des disciplines, la fragmentation des suivis, l’organisation complexe et actuellement en pleine évolution du système de santé renforcent le risque de cette occultation de l’expérience subjective du malade.
Comment faire que le soignant articule la logique des savoirs et des savoir-faire impliqués dans le soin et la logique existentielle du malade ? Comment faire que la logique de connaissance et de maîtrise qui est à l’œuvre dans la médecine n’empêche pas la reconnaissance de la réalité même de l’épreuve de la maladie, du corps abîmé, de l’identité bouleversée, de la mort inéluctable et pourtant souvent déniée ? Comment éviter que la relation de soin ne soit confisquée par l’intervention soignante ? Ces questions sont essentielles tant l’absence de soin implique et révèle l’absence de relation humaine et sociale.
Le soin requiert une attention portée au non-sens et aux souffrances multiples que la maladie implique pour la personne qui en est affectée. Sa visée appelle une compréhension globale de la norme de vie perdue par la personne malade afin de l’aider à restaurer (ou à instaurer) une norme de vie qu’elle éprouve et juge par elle-même et pour elle-même comme sienne. Compréhension et respect de l’individualité, le soin n’en est pas moins institution d’une relation. Le soin répond notamment au besoin du malade de partager l’épreuve qu’il traverse. Il permet de briser la solitude face à la maladie et, par cette médiation, il peut aider la personne malade à donner à sa maladie et à sa vie un sens personnel qui guidera ensuite les choix thérapeutiques. Le soin apparaît dès lors comme la finalité et le sens même de la médecine.
Contribuer à une philosophie du soin demande de faire converger différentes approches réflexives dans les divers champs de la médecine qui mobilisent de manière intense la question du soin. Ce projet rencontre aussi les problèmes soulevés par l’éthique du care. Il s’agit aussi de s’interroger sur la manière dont cette réflexion peut initier le soignant à se décentrer du point de vue de la technique médicale pour (re)connaître l’existence et la légitimité de celui du malade. Comment faire que la philosophie ne soit pas tant une initiation à l’éthique et à des principes fondamentaux extérieurs à la question du soin qu’une formation éthique visant la rénovation du soin par l’attention au malade ?
PROGRAMME 2012-2013 :
Journées internationales d’études « Penser le soin », Institut de sociologie, Université Libre de Bruxelles.
Sous l’égide du Séminaire International d’Etudes sur le Soin (SIES), du Séminaire de recherche doctoral « Penser le soin » (EDTSS et ESP), du Groupe de recherche sur l’Action Publique (GRAP)
Mercredi 13 mars, 17 h, Salle de vision, bâtiment NB, local NB 2. 223 : projection du film Une séparation (Ashgar Farhadi, Iran, 2011).
Jeudi 14 mars, Institut de Sociologie, 15ème niveau, salle Henri Jeanne :
9:00 : Introduction
10:00–12:00 : Sabine Chalvon-Demersey : Imaginations et médias : perspectives sociologiques.
Discussion introduite par Florence Degrave, Nathalie Rigaux et Nathalie Zaccaï-Reyners.
14:00–17:00 :
Table ronde autour du film d’Ashgar Farhadi Une séparation (Ashgar Farhadi, Iran, 2011), avec Catherine Bert (UNamur), Fabrizio Cantelli (LUSS and GRAP, ULB), Jean-Michel Chaumont (Hoover chair, UCL), Florence Degrave (CIRTES, UCL), Raphaël Gély (ULB), Marta Roca Escoda (Liège UNIL and GRAP, ULB), Jean-Louis Genard (GRAP, ULB), Blanche Leider (FNRS, UCL), Martin Wagener (UCL), Frédéric Worms (ENS-Lille III).
Vendredi 15 mars, Institut de Sociologie, 15e niveau, salle Henri Jeanne :
9:30–12:30 :
Autour du texte de Winnicott « Cure » (Conversations ordinaires) : table ronde avec Aurélie Dammame (Paris 8) ; Lazare Benaroyo (ETHOS - Université de Lausanne) ; Sylvie Fortin (Université de Montréal) ; Céline Lefève (Centre Georges Canguilhem - Université Paris Diderot et SPHERE) ; Nicolas Marquis (CES, FUSL) ; J. –C. Mino (Centre De Ressources National soins palliatifs) ; Thomas Périlleux (UCL) ; Nathalie Rigaux (UNamur) ; Frédéric Worms et Claire Marin (CIRPHLES – Ecole Normale Supérieure) ; Nathalie Zaccaï-Reyners (Institut de sociologie – Université Libre de Bruxelles).
14:00–17:00 :
Claire Marin : La maladie, catastrophe intime.
Lazare Benaroyo : Le soin et ses paradoxes : Quelle place pour la sagesse pratique ?
Discussion et clôture des travaux.
Coordination : Florence Degrave, Nathalie Rigaux, Nathalie Zaccaï-Reyners.
Université Libre de Bruxelles,
Institut de Sociologie (CP 124)
GRAP
44, av. Jeanne,
1050 Bruxelles
Secrétariat et inscriptions : Stéphanie : scols@ulb.ac.be
Demi-journée d’études "Soin et maladie chronique", avec Fabrice Gzil, philosophe, directeur du Département Sciences sociales Fondation Méderic Alzheimer : "La maladie du temps" et Philippe Barrier, professeur de philosophie, Paris : "Maladie chronique et auto-normativité", lundi 28 janvier 2013, de 15 h à 19h, Université Paris Diderot, Grands Moulins, Salle Pierre Albouy.
Conférence de François Ansermet, Professeur de pédopsychiatrie à l’Université de Genève et psychanalyste, Professeur invité au Centre Georges Canguilhem : « Vertiges biotechnologiques. Incidences subjectives des procréations médicalement assistées », mardi 27 novembre 2012 de 18 h à 20 h, Université Paris Diderot, 10-16 rue Françoise Dolto Paris 13e, Halle aux Farines - Accès Hall C - Salle 237 C.
JOURNEES 2011-2012
7, 8 et 9 mars 2012. Deux journées d’études internationales à l’Université Libre de Bruxelles sur le thème de la plainte.
Sous l’égide des : Séminaire International d’Étude sur le Soin (SIES), Séminaire doctoral « Penser le soin » (EDTSS et ESP), Groupe de Recherche sur l’Action Publique (GRAP) de l’Institut de Sociologie
Mercredi 7 mars 2012 à 17:00
Vision du film « Poetry » réalisé par Lee Changdong (Corée du Sud, 2010)
Jeudi 8 mars 2012
9h00 Introduction aux journées
9:30 – 12:00 Autour du film « Poetry », quelles figures de la plainte ?
Table ronde, avec notamment la participation de Sylvie Carbonnelle (Metices, ULB), Jean-Michel Chaumont (Chaire Hoover, UCL), Damien De Blic (Paris 8 et GRAP, ULB), Florence Degavre (CERISIS, UCL), Jean-Louis Genard (GRAP, ULB), Patricia Paperman (Paris 8 et GSPM), Patrick Pharo (Cerses, CNRS), Natalie Rigaux (FUNDP)
14:00 – 16:30
Regards sur la plainte
Interventions de Fabrizio Cantelli (GRAP, ULB), du Dr Cathy Blanc (Université de Montpellier), de Nicolas Marquis (CES, FUSL)
17:00 Vision du film « Barberousse » réalisé par Akira Kurosawa (Japon, 1965)
Vendredi 9 mars 2012
9:30 – 12:00 Autour du texte de Paul Ricoeur, « La souffrance n’est pas la douleur »
Table ronde, avec notamment la participation de Lazare Benaroyo (Ethos, UNIL), Céline Lefève (Centre Georges Canguilhem, SPHERE, Paris 7), Claire Marin (ENS), Jean-Christophe Mino (CNRSP, Paris), Frédéric Worms (CIEPFC, ENS), Nathalie Zaccaï-Reyners (GRAP, Fnrs ULB)
14:00 – 16:30 « Barberousse » ou la formation médicale
Conférence de Céline Lefève (Centre Canguilhem, SPHERE, Paris 7)
Discussion introduite par le Dr Cathy Blanc
Coordination : Nathalie Zaccaï-Reyners (nreyners@ulb.ac.be)
« Soin et technologies : Justice et autonomie dans les techniques de la reproduction », vendredi 18 novembre 2011, 15H–18H : Salle de l’Anthropos Café, Amphipôle, Quartier Unil-Sorge Université de Lausanne - Suisse
Cette séance du séminaire SIES sera consacrée à la présentation et la discussion de deux travaux de recherche ayant un objet commun : les nouvelles techniques de la reproduction comme pratiques de soin.
Notamment, les deux contributions proposent un examen critique des concepts de justice et d’autonomie personnelle mobilisés dans le débat éthique, respectivement, sur la procréation médicalement assistée et sur le dépistage génétique prénatal.
Le but est de montrer les limites d’un cadre épistémique libéral et libértarien hérité des années 1970, et de tenter de proposer un cadre nouveau, mieux adapté au champ pratique, capable de prendre en compte le contexte et les conditions des choix.
Gaia Barazzetti, Dr. Phil., Assistante Ethos
L’autonomie personnelle face aux nouvelles techniques de dépistage génétique prénatal
Nadja Eggert, Doctorante, Assistante Ethos,
La justice à l’épreuve des pratiques de procréation médicalement assistée
Répondant : F. Worms, Université Lille 3, CIEPFC (ENS)
THEME 2010-2011 : « LES PARADOXES DU SOIN »
Organisé par :
SPHERE et le Centre Georges Canguilhem - Université Paris Diderot (C. Lefève)
le CIEPFC – Ecole Normale Supérieure (F. Worms, Cl. Marin)
ETHOS - Université de Lausanne (L. Benaroyo)
METICES – Université Libre de Bruxelles (N. Zaccaï-Reyners)
la Fondation Croix-Saint-Simon (J. –C. Mino)
Dans la continuité du colloque et de l’ouvrage La Philosophie du soin (PUF, 2010), ce séminaire de philosophie, ouvert aux approches des sciences sociales, poursuit la réflexion sur les paradoxes que peuvent receler les discours et les pratiques de soin. On a souvent souligné la tension inhérente à la médecine entre, d’une part, sa finalité éthique et son essence soignante et, d’autre part, l’objectivation voire la négation des subjectivités que ses techniques et savoirs supposent. Le séminaire souhaite approfondir cette question et analyser les multiples tensions qu’impliquent les dimensions plurielles du soin, en médecine mais aussi au-delà de la médecine : dimensions relationnelle, éthique, sociale, politique mais aussi technique et organisationnelle. Il questionnera les paradoxes et notamment les ambivalences, les conflits et les effets de violence que le soin peut produire. Il mettra aussi l’accent sur les tensions entre prise en charge individuelle et justice collective. L’un des objectifs sera de faire émerger de l’étude concrète et informée des pratiques et de l’intérieur des relations de soin un questionnement philosophique et éthique nouveau.
Informations également sur le site : http://www.canguilhem.univ-paris-diderot.fr/
Contact : celine.lefeve@gmail.com