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Accueil > Archives > Séminaires des années précédentes > Séminaire 2022 - 2023 : Archives > Séminaire Doctoral Interdisciplinaire d’histoire et philosophie des Sciences (DISc ) 2022 - 2023

Séminaire Doctoral Interdisciplinaire d’histoire et philosophie des Sciences (DISc ) 2022 - 2023



Organisateurs : (Elena Danieli, Paul-Emmanuel Timotei, Flora Vachon, Jimmy Degroote) (ED 623–Université Paris Cité, SPHere)


Merci à Arilès Remaki, Edgar Lejeune, Justin Gabriel, Marie Lacomme et Sara Hijmans d’avoir brillamment assuré l’organisation du séminaire les années précédentes.


Le séminaire DISc est conçu comme étant un espace scientifique collectif répondant aux besoins des doctorant.es de SPHere. Il s’agit de s’interroger et d’échanger autour de problématiques méthodologiques mobilisées en histoire, philosophie, épistémologie et sociologie des sciences. Chaque séance est organisée autour d’une thématique en lien avec les travaux des doctorant.es du laboratoire. L’objectif est de permettre aux doctorant.es d’acquérir les outils méthodologiques nécessaires à l’avancée de leurs travaux, mais aussi plus largement de construire ensemble une réflexion interdisciplinaire autour de problématiques propres aux champs de recherche de chacun.es.
Pour les étudiant.es du Master d’histoire et philosophie des sciences de l’Université Paris Cité, ce séminaire peut être validé.
Pour assister aux séances de ce séminaire, vous pouvez contacter les organisateur.rices.

Archives
2018–2019, 2019–2020,
2020–2021, 2021–2022

PROGRAMME 2022-2023

Les doctorant.e.s se réunissent un mercredi par mois, de 15h à 19h, en salle Rothko, 412B, 4, rue Elsa Morante, puis à partir de mars, en salle 628, bâtiment Olympe de Gouges, place Paul Ricœur, Université Paris Cité, 75013 Paris (Plan d’accès)

Date Thème
14 septembre 2022  Objectivité
12 octobre 2022 Présentation des nouveaux doctorants
16 novembre 2022 Instrumentation
29 novembre 2022 Varia
11 janvier 2023 Editions et Humanités numériques
15 février 2023 Laboratoires et lieux de la science
16 mars 2023 Présentations de travaux de thèse
26 avril 2023 Notices biographiques
17 mai 2023 Séance à décider (lecture d’article ?)
7 juin 2023 Autorité

14 septembre 2022
  • Jimmy Degroote (ED 623–Université Paris Cité, SPHere, & Erc Philiumm)
    Scientifiques et Sciences se réclament de l’objectivité. Que les champs disciplinaires relèvent des sciences de l’abstraction comme les mathématiques, des sciences expérimentales comme la physique, des sciences du vivant comme la biologie ou la médecine, ou encore, des sciences humaines et sociales telles que l’histoire ou la sociologie. Toutes ces disciplines tendent à l’objectivité comme si cette dernière était une modalité une peu plus parfaite -bien qu’humaine- de prétendre à l’universel. Comme si l’objectivité était intrinsèque à la science elle-même. Mais qu’appelle-t-on l’Objectivité ? Existe-t-il une essence de celle-ci ? Une théorisation consensuelle de la notion ? Est-elle même un concept ? Un ensemble homogène de pratiques ? Peut-on délimiter le champ, la finalité et les moyens de l’objectivité en science ? L’objectivité est-elle la même quel que soit le champ disciplinaire ? Y-a-t-il une seule objectivité ? Des types d’« objectivités » ? Encore : Pourquoi l’objectivité ? Ou : depuis quand l’objectivité ? Peut-on dater cette ambition scientifique de l’objectivité ? Quid « d’avant l’objectivité » ?
    Tout ceci correspond au questionnement qui a guidé le travail de Lorraine DASTON et de Peter GALISON dans leur ouvrage « Objectivity » (2012 pour la traduction française - 2007 pour la version anglaise). Les thèses auxquelles ils aboutissent ne manquent ni d’originalité ni d’impertinence ; un cadre éthique pour penser les pratiques scientifiques. Cette première partie de séance sera d’une part l’occasion de présenter un ouvrage tout à fait original qui se situe entre science, histoire, éthique et art. Elle laissera d’autre part la place à une discussion collective qui, je l’espère, contribuera à enrichir ce processus laborieux de fructification attendue d’un travail de thèse. La présentation de l’ouvrage sera donc replacée dans le contexte de son étude ; une proposition de mise en pratique du partenariat de recherche au sein des laboratoires en sciences bio-médicale et clinique.
    Cet exposé sera également l’occasion d’interroger les limites de la pratique historique. À trop ramener l’objectivité à son histoire, on court parfois le risque de nier sa valeur épistémique. Un peu comme si l’étude des conditions particulières d’émergence de l’exigence d’objectivité dans le champ scientifique frappait d’illégitimité la possibilité même d’une vérité objective. Plusieurs philosophes et historiens des sciences sont allés dans ce sens : FOUCAULT a cru voir dans l’objectivité l’expression d’un pouvoir avide de domination, FEYERABEND a soutenu qu’il fallait faire nos adieux à la raison. Plus proches de nous, RORTY et LATOUR ont défendu la réductibilité des normes scientifiques à la pratique humaine et à des constructions sociales. Malgré leur grande variété, les différents dispositifs conceptuels où s’exprime ce soupçon reposent tous sur un argument commun : pour voir les processus dans leur vérité, il faut revenir à leurs origines. Mais la vérité qui se dévoile ainsi à nous est toujours crue : loin des idéalisations dont elle retrace patiemment les réseaux d’engendrement, l’étude historique assume une fonction démystificatrice. Elle nous enjoint à cesser d’être dupes.
    Mais qu’est-ce que se défier de la valeur d’objectivité, sinon poursuivre une exigence de véracité ? Dans Vérité et véracité, Bernard WILLIAMS propose de lever cette contradiction qui travaille de l’intérieur l’argumentation des « négateurs » d’objectivité. La force du propos de WILLIAMS tient à sa méthode : contrairement aux défenses rationalistes traditionnelles de la vérité, il n’est pas question d’étudier le concept a priori mais le devenir de celui-ci. Il s’agit donc de se situer à l’intérieur de l’histoire, sur le terrain privilégié de ses adversaires, pour mieux se saisir de leurs arguments et les retourner contre eux. WILLIAMS propose ainsi une véritable généalogie de la vérité le conduisant à sa réhabilitation comme valeur garante de l’objectivité scientifique. La deuxième partie de la séance s’attachera à présenter les enjeux et les principales conclusions de son travail afin de les soumettre à la discussion.
    Une séance en deux temps autour d’une même notion. Deux ouvrages écrits à peu près dans les mêmes années ; des thèses qui ne se ressemblent pas mais qui interrogent les conditions épistémologiques de la pratique scientifique. Les débats contemporains d’Histoire et de Philosophie des Sciences seront le coeur de cette première séance du Séminaire Doctoral DISC 2022-2023.


12 octobre 2022

Le séminaire DISc propose en guise de seconde session d’offrir aux nouveaux doctorants du laboratoire SPHere l’occasion de présenter leurs projets. Comme ce séminaire est conçu comme un espace collaboratif pour les jeunes chercheurs du laboratoire, cette séance donnera l’occasion aux nouveaux venus de présenter leurs questions, leurs difficultés afin qu’elles fassent échos aux questions et aux difficultés d’autres doctorants et fassent naitre des intérêts communs propres à favoriser de futures collaborations !

  • 15:35 - 16:05 Tiphaine Lours
    Histoire de la greffe au XIXe siècle
  • 16:10 - 16:40 Roman Perez
    Réflexion philosophique sur la nécessité en logique
  • 17:20 - 17:50 Thomas Berthod
    Borel, Baire, Lebesgue et l’intuitionnisme
  • 17:55 - 18:25 Elena Danieli
    Réforme de la médecine pendant la Révolution Française
  • 18:30 - 19:00 Théophile Richard
    La Philosophie de Jules Vuillemin


16 novembre

  • Flora Vachon
    Configurations instrumentales des espaces de production de l’ADN ancien, l’histoire d’un patchwork disciplinaire
    En s’appuyant sur la notion « d’objet intermédiaire » de Dominique Vinck (1999), cette présentation tentera de montrer comment une analyse des instruments de laboratoire permet de penser les configurations des liens de coopération dans la production d’un objet particulier : l’ADN ancien. L’histoire de l’instrumentation des espaces clés de production de l’ADN ancien amène à définir les associations des acteurs/actants impliqués. Par prolongement, cette mise en évidence des relations instrumentales prenant part à cette production devrait nous amener à qualifier la paléogénétique – dont l’objet est l’ADN ancien – en tant que transdiscipline.
  • Gautier Depambour
    L’histoire du laser : un exemple emblématique du fonctionnement de la recherche aux Etats-Unis dans les années 1950-1960
    L’invention du laser constitue une rupture dans l’histoire de l’optique car elle marque l’apparition d’une source de lumière radicalement nouvelle, à la fois très monochromatique et très directionnelle. D’un point de vue contextuel, l’apparition du laser est aussi un bel exemple pour comprendre comment fonctionne la recherche aux Etats-Unis dans les années 1950-1960, et en particulier le rôle des agences militaires dans les financements. Certaines versions de l’histoire du laser se focalisent plutôt sur les aspects théoriques et techniques ; d’autres privilégient les aspects économiques et sociologiques. Je tâcherai de présenter quatre d’entre elles, que je vous proposerai ensuite de discuter et de comparer collectivement.
  • Clément Bonvoisin
    Une équation n’est-elle qu’une équation ? Instruments de calcul et statut des équations dans une note de recherche de Magnus Hestenes (1950)
    De 1956 à 1961, un groupe de mathématiciens soviétiques gravitant autour de Lev Pontryagin (1908 – 1988) publie une série de textes sur les problèmes de contrôle optimal. Ces problèmes, apparus durant la Seconde Guerre mondiale au sein de communautés scientifiques de pays belligérants, consistent à trouver les meilleures manières d’amener un système de son état initial à un état désiré. Les textes du groupe soviétique proposaient un outil pour résoudre ces problèmes, qu’ils nomment principe du maximum. L’historiographie a tôt fait d’identifier des précurseurs à cet outil. Ainsi, Magnus Hestenes (1906 – 1991) fut crédité d’avoir formulé le principe du maximum dès 1950. En cause : des similitudes mathématiques entre le principe du maximum et une équation écrite par Hestenes dans une note de recherche pour un think tank lié à l’armée états-unienne. Je propose de discuter ce rapprochement en resituant la note de Hestenes dans le projet auquel il participait : calculer une approximation des plans de vol optimaux d’un avion de chasse grâce à un ordinateur. Dès lors, quel statut cet instrument de calcul donne-t-il à l’équation écrite par Hestenes ? En quoi ce statut diffère-t-il de celui donné, six ans plus tard, au principe du maximum ?


29 novembre

  • Marie Lacomme
    Un nom de champ peut-il fédérer une communauté ?
    Dans les récits que les primatologues font de l’histoire de leur domaine, on retrouve presque invariablement l’idée que le mot « primatologie » est inventé au début des années 1940 par T.C. Ruch pour intituler sa bibliographie scientifique sur les primates. Pourtant, le terme apparaît dans au moins deux sources de la fin du XIXe siècle : dès 1874, dans un article du laryngologue américain Louis Elsberg, puis en 1897, dans un article de Raffaele Schiattarella, professeur de droit à Palerme. Il s’agira donc d’abord de comprendre comment cette proposition a pu émerger dans deux contextes a priori assez lointains et pourquoi elle n’a pas été retenue à cette époque.
    L’enjeu de cette étude ne se limitera pas à la recherche de la première occurrence d’un mot. En effet, l’objectif sera surtout de mieux comprendre l’émergence et la constitution de la primatologie comme champ, et l’importance qu’a pu avoir dans ce processus le nom « primatologie » comme bannière sous laquelle un groupe de chercheurs et chercheuses ont pu se rassembler.
    Pour cela, sera également exploré un ensemble de sources issu de vifs débats engendrés par la création de l’American Journal of Primatology en 1981, un siècle après les propositions d’Elsberg et Schiatarella. Face à Allan M. Schrier qui affirmait ne pas se reconnaître sous une telle appellation et mettait en question l’existence d’une primatologie unifiée et de primatologues, qu’il qualifiait de « créatures mythiques » ; plusieurs de ses collègues réagissaient vivement en revendiquant cette étiquette et clamaient leur existence en tant que primatologues.
  • Simon Gentil
    Écrire l’histoire/philosophie des mathématiques, quels compromis pour quelles ambitions ?
    La recherche en histoire et/ou philosophie des mathématiques, et plus généralement des sciences, nécessite d’écrire des réflexions sur des objets scientifiques avec une approche extérieure à la science habituelle. L’article qui soutient cette réflexion se veut être une présentation philosophique des objets et pratiques mathématiques de textes de la fin du 17e siècle dans lesquels la frontière entre ces deux disciplines n’est pas clairement établie. Une analyse de ces textes, et surtout la restitution de cette analyse, nécessite de faire des compromis ; négliger une part des objets étudiés pour en privilégier la philosophie et limiter la philosophie sous-jacente à leurs considérations/manipulations pour laisser une place à leur caractère mathématique. La rédaction d’un article de philosophie des mathématiques, et plus généralement d’une réflexion relevant de l’histoire et/ou la philosophie des sciences, nécessite elle aussi de faire des compromis. Comment rendre les objets scientifiques accessibles aux historiens/philosophes sans entrer dans la vulgarisation ? Comment exprimer l’histoire/la philosophie des objets scientifiques sans la survoler ? Cette présentation ne prétend pas apporter les réponses à ces questions mais plutôt proposer un support de discussion afin de clarifier la posture que doit adopter l’historien/philosophe des sciences face à l’hétérogénéité de son public.


11 janvier 2023

: : Editions et Humanités numériques : Write and Publish, thanks to the computer

It is increasingly valuable for history, literary studies or philology to be able to conceive writing and publishing as phenomena that arise from social practices subject to material constraints, rather than seeing them merely as a process of abstraction and communication. This way of looking at things leads us to consider with much greater attention the instruments that support scriptural and editorial practices. The obvious influence of the computer must then be considered from the classical angle of the actor/observer couple. As a new writing medium, the computer has brought out new operations in authors, and therefore new ways of composing and constructing a text. The traces left by these operations on the final medium are very different from those on paper, which were the main object of genetic criticism. As a new publication medium, the computer offers new ways of storing and classifying the information contained in the text. The choices made by researchers are the result of many factors and determine the way in which the text is received by a third agent outside the actor/observer couple : the reader.

  • 15:00 - 15:10 : Introduction
  • 15:10 - 16:20 Lamyk Bekius (Huygens Institute (KNAW)/Coordinator CLARIAH-VL at University of Antwerp)
    ‘Behind the screens’ : keystroke logging for genetic criticism applied to born-digital works of literature
    Genetic criticism investigates analogue drafts and manuscripts to gain insights into the author’s way of working and the creative process, as well as to gain a better understanding of the work itself. Nowadays, most literary authors compose their text in a digital environment. This has led to the fear of the end of genetic criticism (Mathijsen 2009). However, the research carried out by a number of authors shows a variety of techniques to study born-digital writing processes which proves that the digital writing process leaves sufficient traces to ensure genetic analysis (Ries (2018, 2014) ; Kirschenbaum and Reside (2013), Kirschenbaum (2008), Crombez and Cassiers (2017), Vásári (2019), Vauthier (2016) and Fenoglio (2009)). In the project ‘Track Changes : Textual Scholarship and the challenge of digital literary writing’ (2018-2023) we investigate the possibilities of yet another tool for enabling the study of genesis of digital (literary) writing processes : the usage of the keystroke logger Inputlog at the moment of composition. Inputlog is developed at the University of Antwerp and allows the author to write in Microsoft Word (Leijten and Van Waes 2013). While the program is running, it records every keystroke and mouse movement in combination with a timestamp and saves the Word document at the start and end of each writing session. In this presentation, I will discuss how keystroke logging data can be used for genetic criticism. What does Inputlog capture, and what remains in the void ? How can we reconstruct and visualize the writing process as to make it suitable for a text genetic analysis ? And what does this teach us about literary writing processes ?
  • 16:20 - 16:30 : pause
  • 16:30 - 17:40 Edgar Lejeune (TEMOS)
    How did historians produce scholarly editions using IBM punch cards ? A comparison between two case studies (France, 1970-1980)
    From the early 1960s onwards, numerous computer-assisted historical studies were conducted in France. These studies were part of very different historiographical programmes (history of mentalities, social history, economic history), adopted various computer methods - most often developed in other social sciences (demography, linguistics, sociology) - and focused on the study of various types of historical sources (political treaties, charters, censuses, etc.). These studies also took place in different types of institutions (universities, CNRS, EHESS, laboratories, etc.), which shaped the ways in which these historians had access to computers and computer scientists. However, despite these diverse configurations, one element seems to be shared by a large number of these researchers : the storage device used for data recording, the IBM punch cards.
    My paper aims to compare two computer-assisted projects on the basis of the text-editing methods they have developed in relation to this storage technology. The first one is an international cooperation by Christiane Klapisch-Zuber and David Herlihy between 1966 and 1978. It aimed to create a "computer edition" of a late medieval archival monument : the Florentine catasto of 1427. The second is a project carried out at the University of Paris 1 Panthéon-Sorbonne by a small group of medievalists, who focused on English political texts from the 13th to the early 16th century. I will show how three types of elements are decisive for understanding how these practices of editing texts in digital form are conceived : 1) the collective organisation of these groups ; 2) the type of documents on which the study was based ; and 3) the research objectives that these medievalists were pursuing.
  • 17:40 - 17:50 : pause
  • 17:50 - 19:00 Arilès Remaki (SPHere, Erc Philiumm, CNRS et Université Paris)
    The Leibniz tables : which numerical structures for which historical interpretations ?
    Leibniz’s mathematical texts are a perfect example of a type of historical document that is extremely difficult to deal with in the context of an editorial enterprise : the draft. The digital tool holds much promise for many issues, including the particular difficulties of the mathematical elements of the texts : equations, tables, diagrams, etc. The presentation will consist of presenting various possible avenues for answering different questions, particularly those relating to genetic criticism and automatic research.Leibniz’s mathematical texts are a perfect example of a type of historical document that is extremely difficult to deal with in the context of an editorial enterprise : the draft. The digital tool holds much promise for many issues, including the particular difficulties of the mathematical elements of the texts : equations, tables, diagrams, etc. The presentation will consist of presenting various possible avenues for answering different questions, particularly those relating to genetic criticism and automatic research. We will show that the tables can be implemented by different computer structures which largely determine the way the historian conceives them a priori but also the way the reader receives them a posteriori. Finally, the tables are the simple case that founds a general problematic on the interpretation of many manuscripts and allows us to study the problem of the writing process at its root.


15 février 2023

: : Les lieux de pratiques scientifiques

  • Margo Stemmelin (IDHES, Université Paris 8)
    Étudier les lieux de savoirs en situation coloniale : le cas de l’École des lettres d’Alger (1879-1930)
    Renvoyant aux lieux de construction, de mise en scène et de diffusion de la science, la notion des lieux de savoir telle qu’elle a notamment été définie par Christian Jacob invite à saisir les savoirs selon leur « modes d’existence spatiale » (Jacob, 2018). En cela, cette approche permet de déconstruire les prétentions universalistes de « la » science occidentale en soulignant qu’elle dépend, elle aussi, des conditions matérielles de sa production, et que les « modalités de [sa] généralisation et universalisation » sont des « formes parmi d’autres d’une domination politique, économique et culturelle » (Ibid). L’étude des lieux de savoir se révèle donc une piste particulièrement fructueuse pour étudier les rapports entre science et colonisation. À partir du cas de l’École des lettres d’Alger, créée en 1879 dans le contexte de la colonisation française en Algérie, il s’agit de montrer combien les normes spatiales de la science qui se fixent à ce moment-là en métropole participèrent non seulement à l’appropriation de l’espace algérien et algérois par les Européens, mais furent aussi instrumentales dans l’entreprise de discréditation des savoirs vernaculaires.
  • Sarah Hijmans
    Anna Sundström et le laboratoire de Berzelius (1819-35)
    En tant que secrétaire de l’Académie suédoise des sciences, Jons Jacob Berzelius (1779-1848) dispose à partir de 1819 d’une maison à Stockholm, dans laquelle deux pièces font office de laboratoire de chimie. Jusqu’à 1835, Anna Sundström (1758-1836) vit et travaille chez lui en tant que domestique et gouvernante. Le manque de séparation physique entre la cuisine et le laboratoire se traduit par une continuité entre les différents aspects de son travail : elle s’occupe à la fois de chauffer le poêle et le bain de sable et de laver la vaisselle comme la verrerie chimique. Sundström est embauchée entre autres parce qu’elle sait reconnaître les différentes substances et elle sait effectuer des opérations chimiques. Toutefois, mon hypothèse est qu’elle ne pourrait pas être caractérisée de femme savante ou d’assistant de laboratoire, parce qu’elle diffère de ces derniers par son type de savoir et par sa classe sociale. Je présenterai un projet de recherche qui vise à interroger, à partir de ce cas d’étude, les conditions d’accès au laboratoire et la nature du travail qui y est fait au début du XIXe siècle, à une période où les espaces scientifiques se renferment progressivement.


16 mars, 15:00 - 19:00, salle 628, bâtiment Olympe de Gouges

: : Présentation de travaux de thèse

  • Elisa Dalgalarrondo (Université Paris Cité)
    Genres et mathématiques dans l’enseignement supérieur et la recherche en France : le cas de l’École Normale Supérieure de Jeunes Filles de Sèvres (1936-1985)
    L’Ecole Normale Supérieure de Jeunes Filles de Sèvres (ENSJF) fut créée en 1881 dans le but de former des enseignantes du secondaire. Devenue en 1936 un établissement d’enseignement supérieur permettant à ses étudiantes d’accéder aux professions de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’ENSJF « disparaît » en 1985, en « fusionnant » avec l’Ecole Normale Supérieure d’Ulm. Des témoignages d’anciennes Sévriennes en mathématiques font ressortir l’importance de cette institution dans une discipline dominée par les hommes. Dès lors, en quoi l’étude de l’ENSJF pourrait-elle contribuer à écrire une histoire des femmes et du genre en mathématiques ? Je présenterai un projet de recherche visant à répondre à ce problème historiographique selon deux approches complémentaires. Premièrement, je souhaite examiner l’histoire de l’ENSJF par ses élèves, à la fois par le biais d’une étude prosopographique, et en suivant les biographies de quelques sévriennes. Une seconde approche permettra de parcourir cette histoire par les savoirs mathématiques, en examinant les cours spécifiquement enseignés au sein de l’ENSJF par le biais de notes prises, mais également les carrières professionnelles de sévriennes qui furent actives dans l’enseignement supérieur.
  • Flora Vachon (Cermes3/ Université Paris Cité, ED 623, SPHere)
    Présentation du travail de thèse : Aborder le passé avec les technologies génétiques. Emergence de la paléogénétique en France
    Cette communication présente mon projet de thèse, portant sur l’émergence de la paléogénétique en France. Depuis les années 80, l’évolution des technologies de séquençage rend accessible l’information génétique ancienne. Ces approches génétiques des restes, rapidement qualifiées de paléogénétique, fascinent et intriguent profanes et experts. Elizabeth D. Jones dans son ouvrage Ancient DNA : The Making of a Celebrity Science revient sur cette naissance de la paléogénétique en lien avec l’émergence d’un imaginaire fantastique, de la résurrection hypothétique d’organismes à partir d’ADN extrait de restes anciens et de la possibilité de se rapprocher d’un groupe bien souvent fantasmé, celui des dinosaures (Jones, 2022).
    Cependant, le développement de cette paléogénétique se heurte à un double problème. Premièrement, les échantillons de restes anciens disponibles ont souvent été conservés dans des conditions environnementales telles que les molécules d’ADN qu’ils contiennent ont été très dégradées. Deuxièmement, les faibles quantités d’ADN présent sur ces restes peuvent conduire à extraire et à séquencer un ADN dit contaminant, c’est-à-dire un ADN n’appartenant pas à l’échantillon d’origine. Dans ce contexte, de nombreuses techniques et pratiques de laboratoire vont être mises en place pour contrôler l’origine et la qualité d’ADN ancien produites. Des critères précis sont édictés pour encadrer ces pratiques.
    En parallèle, la nature spécifique de l’ADN ancien, à la fois donnée génétique et vestige du passé, place ces pratiques à l’interface de plusieurs disciplines déjà bien établies comme la génétique des populations, mais également l’archéologie, la paléontologie ou la paléoanthropologie. Face à la nécessité de produire une donnée dont l’origine et la qualité sont contrôlées, la dimension multidisciplinaire de l’approche paléogénétique tend à se cristalliser dans la structuration d’espaces et de pratiques scientifiques spécifiques à cet objet d’interface, que constitue l’ADN ancien. Les configurations disciplinaires présentes dans le développement de cette approche, font intervenir un ensemble d’acteurs aux exigences parfois contradictoires, et amènent à l’émergence de dispositifs sociotechniques complexes.
    Cette présentation de mon travail de thèse propose d’apporter des éléments à ces interrogations à partir de l’ethnographie de deux laboratoires à la pointe des développements de la paléogénétique en France. Les éléments collectés permettent d’offrir une description du réseau d’acteurs et d’actants impliqués dans le développement de cette approche. L’objectif sera de dépeindre les configurations sociotechniques engagées dans la chaîne de production de l’ADN ancien.
  • Clément Bonvoisin (Université Paris Cité, ED 623, SPHere)
    Lieu de savoirs, lieu de mémoire ? Circulation d’une note de recherche de Magnus Hestenes au sein d’un think tank (1950-1961)
    Issu des travaux menés autour de questions militaires par un groupe de quatre mathématiciens soviétiques entre 1955 et 1961, le principe du maximum de Pontryagin circule rapidement en-dehors de l’Union soviétique. Aux États-Unis, ce résultat fait dès 1961 l’objet d’un article, publié par Leonard Berkovitz (1924 – 2009) dans le Journal of Mathematical Analysis and Applications. L’auteur y compare le principe du maximum de Pontryagin à une note de recherche, écrite en 1950 par Magnus Hestenes (1906 – 1991) et jugée « relativement indisponible ». Ce commentaire pose question : comment ce travail « relativement indisponible » demeure-t-il connu, onze ans après son écriture ? Un lieu de savoirs particulier, commun à Hestenes et Berkovitz, permet de comprendre cette mémoire : la RAND Corporation. C’est dans ce think tank, créé au sortir de la Seconde Guerre mondiale par l’U.S. Army Air Forces, que la note de recherche de Hestenes a été écrite – et sa distribution y était restreinte. La question à laquelle je souhaite répondre est alors celle de la circulation locale, pendant onze ans et parmi les milliers de rapports produits par l’organisation, de la note de Hestenes.


26 avril 2023

: : Notices biographiques.

  • Paul-Emmanuel Timotei (Université Paris Cité, ED 623, SPHere)
    Notices sur la vie et les travaux : le cas de G.-H. Halphen
    Je présenterai des questionnements et des réflexions autour des notices biographiques écrites par les mathématiciens. Il sera question de leur structure et des informations qu’elles comportent, mises en lien avec la personne scientifique de leur auteur. Je baserai mon étude sur le cas des notices portant sur Georges-Henri Halphen (1844 – 1889).
  • Thomas Berthod (Université Paris Cité, ED 623, SPHere)
    Les biographies de mathématiques : un objet multiforme utile historiquement et philosophiquement
    Dans le domaine des mathématiques, une classe de documents particuliers peut être distinguée : les biographies de mathématiques. Comme les biographies portant sur des personnages historiques, elles racontent la vie de mathématiciens. Cependant, celles-ci se différencient des précédentes au sens où elles peuvent porter exclusivement sur les travaux scientifiques de ces derniers. Ainsi, les notices sur les travaux scientifiques réalisées par les mathématiciens eux-mêmes ou, à titre posthume, par des proches du défunt, forment un exemple typique de cette catégorie de documents. Mais, que devons-nous réellement inclure dans cette catégorie ? Des ouvrages tels que des œuvres complètes peuvent-ils être inclus dans celle-ci ? Un discours d’hommage prononcé dans une institution peut-il être référencé comme tel ? Au-delà de cette question taxinomique, ces biographies de mathématiques ont-elles un intérêt réel pour l’histoire et la philosophie des sciences outre les détails chronologiques et anecdotiques qu’elles peuvent fournir ? A partir de quelques exemples, cette présentation vise à répondre à ces questions en tentant de défendre deux affirmations intimement corrélées. Tout d’abord, les biographies de mathématiques sont un objet multiforme et en particulier elles prennent parfois des formes insoupçonnées. Deuxièmement, ces biographies s’avèrent être des objets d’étude particulièrement féconds historiquement, mais aussi, peut-être plus étonnamment, philosophiquement.
  • Clément Bonvoisin (Université Paris Cité, ED 623, SPHere)
    Rendre visible et passer sous silence : questions historiographiques autour des biographies d’Irmgard Flügge-Lotz (1903-1974)
    In the United States, the wake of the Cold War saw the publication of a monograph titled Discontinuous Automatic Control (1953). Its topic was the design of a certain kind of devices, made to damp disturbances occurring in systems such as aircrafts. Its author was a German-born engineer named Irmgard Flügge-Lotz (1903 – 1974). In 1948, with her husband Wilhelm Flügge (1904 – 1990), she had moved to California to accept positions at Stanford University’s division of engineering. Biographical texts on Flügge-Lotz point that she was indeed a specialist of the theory of discontinuous automatic controls. According to these, she began investigating the topic between 1938 and 1945, as a consultant for the Deutsche Versuchsanstalt für Luftfahrt, a Berlin-based laboratory specialised in aerodynamics. This situation raises some questions left unanswered by the same biographical texts, that I intend to address : what were the motivations and circumstances for the theoretical studies carried by Flügge-Lotz in Berlin ? And how did the Flügges’ migration from Berlin to Stanford unfold ?
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17 mai 2023

  • Gautier Depambour (SPHERE)
    "La structure modulaire des théories physiques" (2007) – présentation de l’article d’Olivier Darrigol

    En 2007, Olivier Darrigol publie un article de nature philosophique dans lequel il propose une nouvelle vision des théories physiques à partir de sa propre expérience d’historien. Celles-ci, selon lui, sont formées de « modules » qui peuvent s’agencer de multiples façons, et qui peuvent évoluer au cours du temps. Dans un premier temps, je tâcherai d’expliquer en quoi consistent ces modules à partir de la définition (donnée par Olivier Darrigol) d’une théorie physique – les modules devant eux-mêmes être envisagés comme des théories physiques. Je présenterai ensuite les différents types de modules, c’est-à-dire les différents rôles qu’ils peuvent jouer au sein d’une théorie physique, en prenant un exemple dans chaque cas. J’évoquerai dans la foulée quelques conséquences épistémologiques de cette structure modulaire, en guise de préambule à l’intervention de Jimmy Degroote qui replacera ce travail philosophique dans un cadre plus général. J’essayerai enfin de montrer comment je compte appliquer la théorie d’Olivier Darrigol à ma propre thèse, ce qui aboutira, je l’espère, à caractériser la « structure modulaire de l’optique quantique.
  • Jimmy Degroote (SPHERE)
    La structure modulaire des théories physiques : une thèse philosophique ?

    L’interprétation modulaire des théories physiques défendue par Darrigol dans son article de 2007 présente à l’évidence un intérêt majeur pour qui s’intéresse à l’histoire des sciences et souhaite la comprendre dans son grain le plus fin. Elle intéresse également le philosophe par la réflexion épistémologique qu’elle développe quant à la structure générale des théories physiques et la fonction exacte que tiennent les mathématiques dans leur fonctionnement. Volens nolens, elle s’engage ainsi sur un certain nombre de problèmes "classiques" de la philosophie des sciences contemporaine, notamment les questions liées à l’incommensurabilité ou aux modalités de la réfutation des théories. Je voudrais discuter ces positions et comprendre dans quelle mesure elles nous aident à renouveler notre approche de ces débats.
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07 juin 2023

  • Elena Danieli
    Iron Hands – Authority and Power in 18th-Century French Obstetrics through its Instruments

    In 1670, when the obstetrical forceps was employed for the first time in France, its use was immediately boycotted by the influential François Mauriceau (1637-1709), head obstetrician at the Hôtel-Dieu in Paris. Mauriceau described as “despicable” the "extreme violence" that had been inflicted on the patient on whom the new instrument had been tested. One hundred twenty years later, obstetrician Jean-Louis Baudelocque (1745-1810), professor at the École de santé de Paris, defined the forceps as "the most important invention ever for obstetrics." This address will investigate how and why such a shift took place.
    In the second half of the 18th century, the use of the forceps had become advertised in obstetrical manuals and, in just a few years, these tools became the emblem of a modern approach to childbirth and the symbol of obstetric surgeons, who had the monopoly of their use, contrary to midwives. The introduction of these devices changed the age-old phenomenon of childbirth to a masculine, instrument-based, medicalized event.
    This talk will explore how the evolution of forceps’ design and reputation mirrors the development of obstetric surgeons’ power over rhythms and modalities of deliveries. This overview will allow observing the tensions between surgeons and midwives and the clash between anatomo-mechanists and vitalists that erupted in late 18th-century France. Moreover, it will allow for a reconsideration of the concepts of nature and contre nature in the obstetrics of the time from the perspective of material history.
  • Clément Bonvoisin
    Building authority and authorship : the case of Pontryagin’s maximum principle

    From 1956 to 1961, a Moscow-based group of Soviet mathematicians composed of Lev Pontryagin (1908 – 1988) and three of his former students published a series of texts on the theory of optimal processes. At the heart of the theory was the practical problem of finding the most performing ways to achieve certain processes, such as correcting trajectories of ballistic missiles, or intercepting them. Through their texts, the authors put forward a result of their work that they framed as central to the theory – the maximum principle that eventually was associated to Pontryagin’s name alone. In this talk, I wish to question the interplay between authority and authorship in the history of this result : how was authorship on the maximum principle ascribed to Lev Pontryagin, and how did this series of texts help him gain scientific authority ?
  • Edgar Lejeune
    Mainframe computer or programmable pocket calculator ? Choosing a computing tool is an act of academic rebellion (France, 1970s)

    In 1967, the Centre de Recherches Historiques of the VIth section of the EHESS launched a collective study dedicated to the development of the medieval cities in France between 1200 and 1550. Regarding the lack of archives for this period, historians chose to base their survey on a census of all mendicant orders. Their hypothesis was the following : the urban fact was directly correlated to the development of the mendicant convents. In order to follow this path, they elaborated a statistical analysis with the help of mainframe computers and computer scientists.
    A few years later, one of the participants of that first investigation, Alain Guerreau, proposed another work based on the exact same hypothesis and the exact same source, but with a rather different approach. As he was opposed to the division of labor implied by the uses of mainframe computers, he proposed his own individual study based on the use of a programmable pocket calculator. He also chose to use a probabilistic approach rather than a frequentist one, and performed several correspondence analyses (a multidimensional statistical operation) in order to analyze the phenomenon.
    This presentation proposes to show to what extent the position of an actor within the field is an important dimension in order to understand his epistemological choices. The analysis will focus on four main points : the social organizations of these studies, the choice of the computing tools, the differences between the two methodologies adopted by the actors and the different types of texts used in each context.






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INFORMATIONS PRATIQUES

* Bâtiment Olympe de Gouges, Université Paris Cité, place Paul Ricoeur, 75013 - Paris ;
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Metro : lignes 14 and RER C, arrêt : Bibliothèque François Mitterrand ou ligne 6, arrêt : Quai de la gare. Bus : 62 and 89 (arrêt : Bibliothèque rue Mann), 325 (arrêt : Watt), 64 (arrêt : Tolbiac-Bibliothèque François Mitterrand)

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