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Axis History and Philosophy of Mathematics

History and Philosophy of Mathematics

The seminar is the meeting point between different SPHere teams that are interested in mathematics. It fosters dialogue between philosophers and historians of mathematics while focusing on textual sources. Speakers are encouraged to make their sources available to the participants.

Coordination : Clément Bonvoisin, Arilès Remaki, Azmiya Padavia, (University of Paris, ED 623, SPHere).


Thanks to Charlotte de Varent, Simon Decaens, Marie-José Durand-Richard, Emmylou Haffner, Arilès Remaki, Adeline Reynaud, Eleonora Sammarchi, and Alexis Trouillot, who proudly provided the coordination of the seminar for the previous years.

Archives
2009-2010, 2010-2011, 2011-2012,
2012-2013, 2013-2014, 2014-2015,
2015-2016, 2016-2017, 2017-2018,
2018-2019, 2019-2020, 2020-2021,
2021-2022


PROGRAM 2022-2023


The monthly sessions at the University Paris Cité, PRG campus, on Mondays,
9 : 30am–5pm, in Room Rothko, 412B, Condorcet Building, Seine side, 4, rue Elsa Morante, 75013 Paris * (access map).
Schedule Thema
2022/10/17 Study Day of presentation of the History and Philosophy of Mathematics axes
2022//11/14 Diagram & Time
2022/11/28 Non-Archimedean Geometries
2023/01/16 Geometry and computation in the context of the astral sciences
2023/02/13 Mathematics & war
2023/03/13 Mathematics in France during the German occupation
2023/04/17 Diagrams at Modern Age
2023/05/15 Polynomials (III)
2023/06/12 History of Axiomatics (II)

The program of the semesters will be displayed on this page.


Monday October 17, 9:15am–5pm, hybrid in the morning and in person in the afternoon

: : Presentation Day
The history and philosophy of mathematics hold a very important place in the activities of the SPHere laboratory. So important that it is divided into several fields of research. The role of the "History and Philosophy of Mathematics" (HPM) seminar therefore consists on the one hand of bringing together the many researchers from these different fields around the many common questions that link their work. Thus, as far as possible, all components are represented at each session : philosophy and history ; ancient, modern and contemporary stories ; Europe, Middle East, Africa and Asia. On the other hand, the HPM seminar is a space to highlight the international collaborations of UMR researchers.

The HPM seminar proposes, for its first session of the year, to present the various collective activities of the SPHere laboratory in the history and philosophy of mathematics. The work of the researchers revolves around different common research axes, three of which will be presented in the first part of the day, in the morning. The afternoon will be devoted to the (non-exhaustive) presentation of various laboratory seminars dealing with the history and philosophy of mathematics. In addition to highlighting the great richness of the laboratory’s activities in this field, this day will also be an opportunity for everyone to have a more precise overview of each and everyone’s activities.

Morning, Rothko Room, 412-B, Condorcet Building, hybrid

Presentations of three sub-axis (http://www.sphere.univ-paris-diderot.fr/spip.php?rubrique94&lang=en)

  • 9am Introduction
  • 10:15am - 11:15am sub-axis ‘Mathematics from Ancient to Modern Age‘ (Sabine Rommevaux)
  • 11:15 am - 11:30am Break

Afternoon, room 379F, Halle aux Farines Building, in person :
Presentation of seminars

  • 3:15pm - 3:30pm Break


Monday November 14, 9:30am - 5pm, Room Rothko, 412B, hybrid

: : Diagram & Time

L’idée de cette journée est de présenter des recherches ou des réflexions autour de la question du caractère diachronique des diagrammes, à savoir qu’ils sont construits dans un certain ordre et peuvent être lus et compris également dans un certain ordre. Cependant si la pratique d’écriture et de lecture se déroule dans le temps, l’objet est, dans sa matérialité, purement synchronique. Le diagramme est un ensemble de signes et de tracés, complet et fixe. Dès lors, l’idée est de se concentrer sur cette dialectique entre approche synchronique et approche diachronique du diagramme.
Une façon plus mathématiques de poser la même question serait de concevoir les diagrammes non pas comme des graphes dans le plan mais comme des fonctions du temps vers le plan, dont le graphe serait tridimensionnel. Les diagrammes sont alors les projections de ces figures à trois dimensions sur le plan d’écriture ou de lecture. Ainsi, un même diagramme peut être le projeté d’une infinité de figures différentes, c’est-à-dire le produit d’une infinité de gestes d’écriture ou de lecture différents.
Les exposés traitront également de la relation sémantique que présentent certains diagrammes avec le temps. Comme le temps est-il représenté, implémenté, incarné dans la pratique diagrammatique ?

  • 9:30am - 9:45am Introduction
  • 9:45am - 11am Fabien Ferri (Logique de l’Agir, Université de Franche-Comté)
    Algorithmique et diagrammatique : de la géométrie du temps déshumanisé à la géométrie des opérations humaines pourvues de signification
    Pourquoi peut-on dire d’un diagramme qu’il s’agit d’un programme dont l’exécution est un calcul pourvu de sens ? Je souhaiterais au cours de cette intervention argumenter la thèse selon laquelle les objets graphiques que sont les diagrammes permettent de géométriser, grâce à leurs propriétés sémiotiques, des aspects de la réalité qu’ils modélisent que la science et la technologie informatiques ne capturent pas. Autrement dit, cela signifie d’une part que la discipline qui étudie les diagrammes, la « diagrammatique », est le complément de l’algorithmique. Cela signifie d’autre part que la sémiotique exhibe des aspects de la réalité que l’informatique ne retient pas dans sa modélisation. C’est la raison pour laquelle la diagrammatique, dès lors qu’on la réinscrit dans une histoire évolutive de l’écriture conçue comme une technologie, autorise le déploiement d’une autre approche de l’intelligence artificielle, l’intelligence artificielle graphique, qui met au centre de ses préoccupations l’analyse de ces machines graphiques que sont les diagrammes. Autrement dit, la diagrammatique ne réduit pas l’intelligence artificialisée à son codage numérique et à sa formalisation algorithmique. Nous nommons ingénierie sémiotique le nom du programme de recherche en intelligence artificielle associé à la diagrammatique conçue comme complément de l’algorithmique et nous en exposerons les lignes de forces à la fin de notre intervention.
  • 11am - 11:15am Break
  • 11:15am - 12:30am Arilès Remaki (SPHere, ERC Philiumm, CNRS, Université Paris Cité)
    Analyse dynamique des tables : exemples au sein des travaux mathématiques du jeune Leibniz
    Les diagrammes et la place qu’ils ont au sein de la pratique mathématique est un sujet auquel Leibniz a beaucoup réfléchi. Cependant, sur ce sujet comme sur d’autres, la position de philosophe évolue au cours de sa vie : les diagrammes sont-ils des outils qui servent seulement l’ars inveniendi ou bien peuvent-ils être au services de l’ars judicandi ? Les diagrammes sont-ils des représentations en relation avec notre imagination, ou bien des caractères qui parlent à notre entendement ? L’étude de la pratique concrète des diagrammes au sein des manuscrits mathématiques de Leibniz permet de fournir un éclairage nouveaux à ces questions.
    Mais cette étude demande de faire appel à des méthodes génétiques qui sont relativement jeunes au sein des études leibniziennes. La génétique des figures diagrammatique est d’ailleurs un domaine de recherche récent, même au dehors du monde leibnizien.
    La présentation consistera, dans un premier temps, à illustrer sur quelques exemples leibniziens quels bénéfices l’on trouve à considérer une tables comme un geste opératoire qui se déroule dans le temps et non comme un signe synchronique au sens de Pierce. Dans un second temps, nous exposerons quelques hypothèses à la base d’un travail encore en cours, qui permettent de confronter cette méthodologie historique et cette approche des tables avec certaines conceptions leibnizienne du temps.
  • 2pm - 3:15pm Agathe Keller (SPHere, CNRS et Université Paris), Sho Hirose (Tokyo)
    Différentes facettes de la temporalité dans des textes sanskrits décrivant la construction d’une sphere armillaire (7e-14e siècles)
    La sphère armillaire est un objet dont l’une des fonctions est de représenter des mesures du temps, en inscrivant dans des grands cercles comme l’horizon, l’écliptique ou dans les orbites des planètes différentes échelles de déroulement temporels pensés dans leurs rapport aux mouvements célestes et donc dans leur rapport à l’espace.
    Par ailleurs, dès la première description de la construction d’une sphère armillaire dans les sources sanskrites, dans le commentaire du 7e siècle de Bhâskara I sur l’Âryabhatîya d’Âryabhatà, la mise en scène de la construction pas à pas (impossible en pratique) pose des questions sur la matérialité effective de l’objet et la nature de l’algorithme donné. Quelle est la temporalité des pas dans la construction de l’objet ? mais aussi, quel est le rapport temporel entre le texte d’algorithme et l’objet construit ? Finalement, ce texte de Bhâskara se trouve cité ou paraphrasé dans d’autres textes de constructions de sphère armillaire (notamment chez P ?th ?dhaka (ca. 860) et Āmarāja (12e siècle) et peut-être chez Parameśvara (14e siècle), où il se trouve donc intégré à des textes décrivant des constructions de sphere armillaires ayant – pour une part – des structures différentes. Ce pose ainsi aussi la question de la transmission de portions de textes de commentaires dans la littérature sanskrite en astronomie. Que signifie pour ces auteurs d’intégrer des textes du passé dans leurs compositions ?
    Ce sont toutes ces facettes de la temporalité dans ces textes que nous examineront dans cette présentation.


Monday November 28, 9:30am - 12:30am, Room Rothko, 412B, hybrid

: : Non-Archimedean Geometries

  • 9:30am - 10:55am David Rabouin
    Leibniz sur la possibilité d’une géométrie non archimédienne
    La question de savoir si Leibniz acceptait des grandeurs non archimédiennes semble naturellement découler de sa pratique du calcul différentiel. On y manie, en effet, sans difficulté des « infiniment petits » qui sont présentés comme des grandeurs « incomparables » par rapport aux grandeurs ordinaires. Cette lecture a été renforcée depuis qu’Abraham Robinson a prétendu défendre (vindicate) le point de vue leibnizien en développant son « analyse non standard » et en démontrant la consistance de ses résultats (au regard de ceux de l’analyse mathématique classique). Cette position a entraîné nombre de controverses dans le commentaire. J’y reviendrai brièvement en introduction pour indiquer qu’elles sont fondées sur plusieurs confusions (entre usage et existence, définition nominale et réelle, connaissance « aveugle » et adéquate, etc.). La définition leibnizienne de ce qu’est une « grandeur » ne laisse aucune équivoque sur le fait qu’il ne pouvait accepter des grandeurs non archimédiennes. Mais cela laisse ouverte la question de savoir s’il pourrait exister des entités purement géométriques qui se comportent comme des infiniment petits sans être pour autant d’authentiques grandeurs. Dans cet exposé, je reviendrai sur cette question en montrant que Leibniz l’a également considérée à plusieurs reprises et y a répondu avec des arguments qui n’ont pas encore reçu à ce jour l’attention qu’ils méritent.
  • 10:55am - 11:05am Break
  • 11:05am - 12:30am Paola Cantù
    Veronese’s non-Archimedean continuity
    The paper deals with questions raised by Veronese’s non-Archimedean geometry and compared with answers given by Stolz, Hilbert, Brouwer, Hölder, Vahlen and Hahn. Does Archimedes’ axiom express all what there is to continuity ? If not, what does it express ? If the Archimedes axiom requires an integration to express Dedekind-continuity or Bolzano’s theorem, what integration should be provided ? An axiom of completeness or Veroneses’ axiom or what else ? In the first case, how can there be non-Archimedean systems of magnitudes that are complete ? In the other cases, how can they be considered as continuous systems ?


Monday January 16,2023, 9:30am-1pm, Room Rothko, 412B, hybrid

: : Geometry and computation in the context of the astral sciences

This seminar aims at inquiring into the relationships between computations and geometry in the work of practitioners of the astral sciences.

  • 10am - 11:15am Pouyan Rezvani (Postdoctoral researcher at the project Ptolemaeus Arabus et Latinus, Bayerische Akademie der Wissenschaften, Muenchen)
    Were the geometric proofs of the Almagest transformed in its medieval Arabic translations ?
    Out of half a dozen Arabic translations of Ptolemy՚s Almagest that are mentioned in medieval sources, three different versions have survived in manuscript form. The earliest one is a translation by al-Ḥajjāj ibn Yūsuf ibn Maṭar and Sirjīs ibn Hiliyyā al-Rūmī made in 828 ‒ 829 A.D. The second one is a translation by Isḥāq ibn Ḥunayn (d. 910 A.D.), later revised by Thābit ibn Qurra (d. 901 A.D.). The third one is a version prepared by Thābit himself, which supplements the text of the Almagest with additional explanatory sentences and references to propositions from Euclid՚s Elements. In this talk, I will examine whether the geometric proofs of the Almagest were transformed in the process of Greek to Arabic translation. In order to achieve this aim, some examples of geometric proofs will be presented in order to show how they are represented in the abovementioned translations in comparison with the original Greek. The relationship between computations and geometry in the selected examples will be discussed as well.
    Keywords : Almagest, al-Ḥajjāj ibn Yūsuf, geometric proofs, Graeco-Arabic translation, Isḥāq ibn Ḥunayn, Ptolemy, Thābit ibn Qurra
  • 11:15am - 11:30am Break
  • 11:30am - 12:45am Anuj Misra (Institut for Tværkulturelle og Regionale Studier, København)
    Mapping the sky on a sphere : positional astronomy in the language of spherical geometry.
    In the history of the exact sciences of antiquity, the study of geometry and astronomy shared an intimacy that often blurred the lines of mutual distinction. The notion of a sphere captivated both the mental and physical space in which the movements of the heavens were to be understood. In Sanskritic societies, astronomers conceptualised the motion of the planets on the celestial sphere in order to determine their position geometrically. In this talk, I discuss how the seventeenth century Sanskrit astronomer Nityananda pioneered the use of the Islamicate concept of "second declination" to compute the true declination of a planet, and in doing so, redefined a traditional approximation of the method to a more trigonometrically precise one.
    The talk is based on the author’s 2021 paper “Sanskrit Recension of Persian Astronomy : The computation of true declination in Nityānanda’s Sarvasiddhāntarāja”, accessible at https://doi.org/10.18732/hssa75
  • 12:45am - 1pm General discussion


Monday February 13, 9:30am - 1pm, Room Rothko, 412B, hybrid

: : Mathematics and war

Organisation : Clément Bonvoisin (Université Paris Cité, ED 623, SPHere)

  • 9:30am - 9:45am Introduction
  • 9:45am - 11am Reinhard Siegmund-Schultze (Faculty of Technology and Science, Univeristy of Agder)
    Revisiting “Military Work in Mathematics 1914-1945 : an Attempt at an International Perspective” (2003), focusing on Ballistics and Aeronautics as examples
    20 years ago, the speaker published a 60-page article on mathematics and the military (see below) which will serve as a basis for this talk. Several theses of the 2003 article will be tested and partly modified using the examples of two typical and related hybrid disciplines of applied mathematics : ballistics and aeronautics/fluid dynamics. Epistemic, ideological, political, institutional, and economic questions will be considered. Figuring among the newly considered sources will be the original work on aerodynamics and aviation by Painlevé/Borel (1910), Joukovski (1916), and von Mises (1917/18). These will be considered in conjunction with historical work by different authors on ballistics, the military-mathematical cooperation of Italy with France and Germany, and Prandtl’s and von Mises’ work in fluid dynamics.Recent work on other aspects of the relations between mathematics and the military such as on women in war research, cryptography, control theory, statistics, impact of computer development will be mentioned but not discussed. The same is true for broader work on the relation between mathematics and engineering. Several tentative “specific problems for historiography” of the 2003 article will be revisited and ideally discussed after the talk.
    • R. Siegmund-Schultze : "Military Work in Mathematics 1914-1945 : an Attempt at an International Perspective”, in : B. Booß-Bavnbek and J. Høyrup (eds.), Mathematics and War, Basel : Birkhäuser 2003, pp.23-82.
  • 11am - 11:15am Break
  • 11:15am - 12:30am June Barrow-Green (School of Mathematics & Statistics, Faculty of STEM, The Open University).
    The Demand for Qualified Women” : Women mathematicians in Britain during WW1
    The First World War acted as a catalyst to provide women with unique opportunities to enter the male-dominated field of industrial engineering. This was particularly apparent at the establishments involved in the advancement of aeronautics and its related fields. These included the Royal Aircraft Factory which was responsible for the design and testing of new aircraft, the National Physical Laboratory which focussed on the theoretical aspects of aerodynamics, and a department in the British Admiralty which had been formed specifically to address issues relating to the strength and integrity of aircraft structures. Within all three of these domains there was a great demand for individuals who had a background and expertise in mathematics and, as increasing numbers of men were conscripted to the front, this requirement was mitigated by the employment and deployment of suitably qualified women.
  • 2pm - 3:15pm Frédéric Metin (Inspé Université de Bourgogne/SPHERE)
    The rise of geometric thinking in military architecture around 1600

    With the discovery of powder and growing skills in cannonball firing, military architects of the early 16th century faced a real difficulty in their task of protecting populations. New shapes had to be invented : the bastions and star-shaped city walls were born. At first, the generation of plans was visibly led by the final shapes, but fortification soon became a matter of mastering distances and angles, according to Tartaglia’s principles. The architects had to generate shapes and simultaneously prove their adequation to the geometrical constraints. It was a matter of security, of saving civilians lives. Then came the golden age of geometers-engineers. Among them, Jean Errard, long before Vauban, was the first to publish a book about fortification including geometric proofs of the adequation of shapes to the defense of populations. Inspired by his methods, Dutch engineers developed the use of trigonometry after Stevin and Marolois. Later in the 17th century, the Jesuits would inscribe fortification in the curriculum, as part of their teaching of practical geometry, following private teachers like Henrion who was one of the first “professors of mathematics” to answer the huge demand of young officers to be taught in mathematics before joining the army. What role for mathematics ? A common language amongst European engineers, it allowed them to defend their own manner of fortifying and spare lives during the numerous sieges of the 17th century.
  • 3:15pm - 3:30pm General Discussion


Monday March 13, 10:15am - 5pm, Room Rothko, 412B, hybrid

To participate online, we thank you by advance to write latest 24h before the session to A. Remaki with the keyword "130323zoomHPM" as subject, the link will be sent on the 13th evening

: : Mathematics in France during the German occupation

Organisation : M. C. Bustamante (Université Paris Cité, SPHere)

  • 10:15am - 10:30am Introduction
  • 10:30am - 12am Laurent Mazliak (LPSM, Sorbonne Université)
    Difficultés et opportunités de la vie scientifique en France occupée : les exemples d’Emile Borel, Paul Lévy et autres...
    Dans cet exposé, je me concentrerai sur certains aspects spécifiques de la vie mathématique dans la France occupée entre 1940 et 1944. Une singularité de la situation française était la coexistence compliquée de deux systèmes administratifs (l’un imposé par les Allemands, l’autre soumis à la bureaucratie de Vichy) qui, au moins jusqu’en 1943, étaient désireux de montrer une certaine indépendance mutuelle dans leurs décisions. Cela a conduit à plusieurs situations difficiles dans la vie institutionnelle comme le prouvent les sinuosités de la politique du CNRS sous Charles Jacob, les troubles pour l’élection d’un nouveau secrétaire perpétuel à l’Académie des Sciences de Paris où Borel n’a pas été élu à un poste qui lui revenait de droit, et le jeu pervers entre l’Ecole Polytechnique et l’Ecole des Mines pour se débarrasser de Paul Lévy. Mais l’histoire de ces années surprenantes montre aussi que la vie mathématique proprement dite était aussi influencée par l’environnement politique. Je présenterai quelques exemples de la manière dont il a été possible pour les mathématiciens de faire des mathématiques à cette époque, même lorsqu’ils se trouvaient dans une situation personnelle dangereuse, comme l’illustre par exemple l’étonnante année 1943 de Paul Lévy. Inversement, en m’appuyant sur un travail récent commun avec Christophe Eckes, je mentionnerai quelques aspects de l’activité d’un groupe de spécialistes de physique mathématique qui a profité de la période pour consolider sa position académique sur la scène parisienne.
  • 1:30pm - 3pm Christophe Eckes (Archives Poincaré, Université de Lorraine)
    Recruter des mathématiciens français pour le Zentralblatt et le Jahrbuch : l’exemple d’une politique scientifique nazie dans la France occupée
    Le Jahrbuch über die Fortschritte der Mathematik et le Zentralblatt für Mathematik und ihre Grenzgebiete constituent deux organes de recensions d’articles et d’ouvrages mathématiques outre-Rhin dont le devenir sous le troisième Reich a déjà fait l’objet d’une étude détaillée de la part de l’historien des mathématiques Reinhard Siegmund-Schultze au début des années 1990. Il convient cependant d’étudier avec plus d’acuité les usages politiques dont ces deux organes de recensions ont fait l’objet dans la France occupée (1940-1944). La direction de ces deux journaux est assurée dès le début de l’année 1940 par le mathématicien nazi Harald Geppert (1902-1945) qui est missionné par le Reichserziehungsministerium à l’automne 1940 afin de recruter des mathématiciens français comme recenseurs pour le Zentralblatt et le Jahrbuch. Geppert est soutenu à cette fin par le mathématicien et académicien Gaston Julia (1893-1978).
    Dans le présent exposé, nous montrerons que la politique scientifique coordonnée par Geppert doit être étudiée en tenant compte de plusieurs paramètres : en premier lieu, il s’agit d’une politique impérialiste, visant à transférer le centre de gravité scientifique de Paris à Berlin ; en deuxième lieu, elle est relayée depuis Paris par Julia et elle concerne préférentiellement des mathématiciens qui exercent en zone occupée ou sont retenus en captivité dans des camps d’officiers ; en troisième lieu, elle se fait justement sur la base de contreparties promises par Geppert en faveur de mathématiciens prisonniers de guerre dans des Oflags. Nous établirons que Julia a tenté en vain d’officialiser son engagement en faveur de la collaboration à l’Académie des sciences en juillet 1942. Malgré ses prises de position publiques en faveur de la politique scientifique de l’Occupant, Il a bénéficié à la Libération de l’inertie de toutes les institutions scientifiques dont il était membre, à savoir l’Académie des sciences, la faculté des sciences de Paris et l’École polytechnique. Il faut attendre l’automne 1954 pour que ces faits de collaboration soient rendus publics et dénoncés par la cellule Evariste-Galois du PCF dont font alors partie Jean-Pierre Kahane, Michel Lazard, Jean-Pierre Vigier ou encore Marianne Teissier-Guillemot. Ceci nous conduira plus globalement à nous interroger sur les représentations mémorielles de l’Occupation qui se sont affrontées dans le domaine des mathématiques après la guerre.
  • 3pm - 3:15pm Break
  • 3:15pm - 4:45pm Loïc Petitgirard (CNAM) [online]
    Les recherches de Fernand Ozil visant à "utiliser l’analyse harmonique pour classer les “races humaines”" au laboratoire CRSIM à Marseille, sous le régime de Vichy : contraintes technocratiques, fonctionnement autoritaire et opportunités de recherche
    La France entre dans une forme de gouvernement autoritaire à l’été 1940. La communauté académique, celle des mathématiciens parmi d’autres, et l’ensemble du monde intellectuel, est confrontée à un régime inédit, imposant le culte de son chef (le maréchal Pétain) et bientôt une loi "portant statut des juifs" (octobre 1940). Au point de vue institutionnel le CNRS est immédiatement dans la tourmente car il vient d’être créé (Octobre 1939) par Jean Perrin et Jean Zay, deux figures du Front Populaire de 1936. Mais en 1941, le CNRS est finalement maintenu par le régime de Vichy, et même renforcé. Le CNRS, à l’échelle nationale comme dans l’évolution de ses structures locales sur le territoire français, nous semble être un bon observatoire de la confrontation qui s’opère entre savants et politique.
    A l’échelle nationale, Charles Jacob, géologue professeur à la faculté de Paris, est nommé à la tête du CNRS en aout 1940. Il écrit le rapport qui orientera la restructuration du Centre et qu’il mettra en œuvre en tant que directeur à partir d’avril 1941. Pour reprendre la thèse de Michel Blay cette réorganisation est tout entière traversée par l’idéologie antidémocratique du chef technocrate qu’est Charles Jacob. Il impose un fonctionnement pyramidal, autoritaire et transpose à son échelle le culte du chef. A la Libération en 1944, un fonctionnement démocratique se réinstaure au CNRS, sans pour autant effacer le fonctionnement administratif rodé sous Vichy.
    A l’échelle plus locale, on peut suivre les acteurs, les déterminants et les décisions qui ont conduit à la création du laboratoire CRSIM à Marseille en 1941, le premier laboratoire propre du CNRS en province. Issu de la réorganisation du laboratoire de la Marine de Toulon, dissous par les conventions de l’armistice, le laboratoire se transforme sous le patronage du physicien François Canac, proche de l’Amiral Darlan. Il devient le Centre de recherches scientifique, industrielles et maritimes (CRSIM) à Marseille. Nos recherches récentes avec Laurent Mazliak ont montré que ce moment est aussi une opportunité saisie par un proche de Canac, Fernand Ozil, pour développer ses recherches sur "un procédé d’identification de profils humains". Ce cas d’étude nous interroge tant sur les réseaux et que les formes de la collaboration au sein du CNRS sous le régime de Vichy.






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VENUE

Building Condorcet, University of Paris, campus Diderot, 4 rue Elsa Morante, 75013 - Paris*.Map
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Metro : lines 14 and RER C, stop : Bibliothèque François Mitterrand or line 6, stop : Quai de la gare. Bus : 62 and 89 (stop : Bibliothèque rue Mann), 325 (stop : Watt), 64 (stop : Tolbiac-Bibliothèque François Mitterrand)

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